Une fillette robot pour apaiser les jeunes patients
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2025/09/23 10:08
Les progrès fulgurants de l'intelligence artificielle constituent un tournant dans de nombreux secteurs, et notamment dans le domaine médical. Si ces technologies sont utilisées pour des tâches complexes comme le diagnostic et l'analyse de données, une nouvelle approche axée sur l'aspect humain des soins de santé est en train d'émerger. C'est dans ce contexte que certains hôpitaux ont commencé à employer un robot, spécialement conçu pour apporter un soutien émotionnel et de la compagnie aux jeunes patients.
Une nouvelle figure illumine les hôpitaux et les maisons de retraite à travers le pays. Il s'agit d'une figure animée et enfantine, affichée sur un écran numérique de la taille d'un iPad, monté sur un torse robotique en forme de cône de signalisation allongé. Le robot se déplace lentement, racontant des blagues aux patients, faisant des grimaces et jouant à de petits jeux.
Nommé Robin le Robot, il semble déjà être un grand succès auprès de ses jeunes patients, ainsi que du personnel hospitalier. "Elle apporte de la joie à tout le monde", a déclaré à l'Associated Press Samantha da Silva, une orthophoniste de l'hôpital pour enfants HealthBridge dans le comté d'Orange, en Californie. "Elle se promène dans les couloirs, tout le monde aime discuter avec elle et lui dire bonjour."
Conçu pour se comporter et parler comme une petite fille de sept ans, ce robot thérapeutique est le dernier exemple en date de l'intégration de l'IA dans les applications médicales. Certains hôpitaux utilisent déjà l'IA pour trier les patients, notamment en faisant passer des entretiens par chatbot avant une consultation en télémédecine. Les médecins utilisent également des outils d'IA pour transcrire les consultations et aider au diagnostic. Dans chacune de ces applications, la technologie a démontré qu'elle peut également échouer de manière spectaculaire.
Un soutien émotionnel sous surveillance
Le robot Robin est différent. Son objectif principal est d'offrir de la compagnie et du réconfort, un objectif noble, mais un rôle pour l'IA qui est actuellement sous surveillance. En effet, de plus en plus de personnes, en particulier des enfants, souffrent de délires et de graves crises psychologiques après avoir établi une relation étroite avec des chatbots comme ChatGPT.
"Imaginez une intelligence émotionnelle pure comme WALL-E. C'est ce que nous essayons de créer", a déclaré à l'Associated Press Karén Khachikyan, PDG d'Expper Technologies, qui a construit Robin. Selon l'entreprise, Robin est alimenté par sa technologie propriétaire "CompassionateAI™", conçue pour "répondre aux besoins uniques des enfants et des personnes âgées". Elle serait capable de former des relations "significatives" et "durables".
Cela dit, le robot n'est autonome qu'à 30% environ, selon l'AP. Le reste est géré par une équipe de téléopérateurs à distance, un point de friction courant pour les systèmes d'IA, en particulier pour les applications incarnées allant des robots humanoïdes aux voitures autonomes. Robin collecte des données à partir de chacune de ses interactions, et M. Khachikyan insiste sur le fait qu'elles sont conformes à la loi HIPAA (la législation sur la portabilité et la responsabilité en matière d'assurance maladie aux États-Unis).
Les enfants semblent adorer. Lorsque le robot a joué la chanson préférée d'un adolescent blessé dans un accident de voiture, le jeune patient s'est mis à danser. Ailleurs, il a fait rire une petite fille en mettant des lunettes amusantes et un gros nez rouge. Avec un autre patient, il a joué au morpion.
Cependant, le robot présente aussi des aspects qui correspondent à certains des dangers dénoncés par les critiques, lorsque la technologie devient trop familière et personnalisée. Selon M. Khachikyan, le robot reflète les émotions de la personne avec laquelle il interagit. Il rit si le patient est de bonne humeur et adopte un air triste et empathique si la personne traverse une période difficile. Le robot peut également reconnaître et "se souvenir" des patients, bien que la part de l'intervention humaine dans cette capacité ne soit pas claire.
Questions sur l'avenir
Une mère a raconté à quel point son fils de six ans a été ravi de sa deuxième rencontre avec le robot. Robin l'a salué par son prénom. "Son visage s'est illuminé", a confié la mère, Meagan Brazil-Sheehan, à l'AP. "C'était tellement spécial parce qu'elle se souvenait de lui."
Ces fonctionnalités ont du sens, étant donné que le robot est censé être une présence réconfortante. Cependant, elles soulèvent aussi la critique fréquente selon laquelle les modèles d'IA sont trop complaisants, validant constamment les sentiments de l'interlocuteur au lieu de les confronter. Les thérapeutes ont déjà mis en garde sur le fait que ces conversations obséquieuses peuvent rapidement aggraver la santé mentale d'une personne au lieu de la guider vers un espace plus sain. En particulier, la capacité d'un chatbot à "se souvenir" de détails des conversations précédentes a été critiquée pour créer une impression dangereusement anthropomorphique de la technologie.
Selon le reportage, depuis son lancement aux États-Unis il y a cinq ans, Robin a été déployé dans 30 établissements de santé en Californie, à New York, au Massachusetts et en Indiana. M. Khachikyan affirme que cela aide à soulager les infirmières et le personnel médical débordés, qui n'ont pas toujours le temps de se connecter avec les patients.
Mais si le robot est encore majoritairement opéré par un humain à distance, il est légitime de se demander à quel point il sera une forme de soutien efficace. S'agit-il finalement d'une simple manière déguisée d'externaliser un rôle essentiel à l'hôpital, où le soutien est fourni par quelqu'un dans le bureau d'une entreprise technologique à des kilomètres de distance, au lieu du personnel sur place ? Et comment le robot sera-t-il perçu lorsque son utilisation dans ces établissements ne sera plus une nouveauté ?
Ces questions ne ralentissent pas les créateurs de Robin. "Notre objectif est de concevoir la prochaine évolution de Robin, afin que Robin assume de plus en plus de responsabilités et devienne une partie encore plus essentielle de la prestation des soins", a déclaré M. Khachikyan.
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