Course vers l'abîme : OpenAI rivalise avec TikTok en lançant une application de clips truqués
Par Victor Tangermann .Publié le
2025/10/02 09:09
OpenAI s'apprête à lancer une application de type TikTok qui recommandera un flux illimité de vidéos courtes, entièrement générées par l'Intelligence Artificielle (IA) et balayables du doigt.
Selon les informations rapportées par Wired, la société devrait dévoiler cette application indépendante en même temps que son outil de génération vidéo par texte, Sora 2.
D'après les documents consultés par le magazine, l'application proposera un flux vidéo personnalisé qui ressemble étroitement à la page « Pour toi » de TikTok.
L'accent sera mis exclusivement sur le contenu généré par l'IA ; les utilisateurs ne pourront pas partager de photos ou de vidéos provenant de leur galerie ou d'autres applications. Il est toutefois intéressant de noter qu'ils auront la possibilité d'utiliser leur propre image pour inspirer les vidéos de l'IA et de s'identifier mutuellement (taguer).
En d'autres termes, cela s’apparente à un générateur de « deepfakes » sous stéroïdes. Wired précise qu'au moins, les utilisateurs seront avertis si leur image est utilisée.
Bien que cela puisse ressembler à une source inépuisable de slop d'IA inintéressant et non sollicité — un contenu dont nous sommes déjà bien assez saturés sur Internet — des sources ont confié à Wired que l'application « a reçu un retour extrêmement positif de la part des employés » lors des tests internes. Les managers d'OpenAI plaisantaient même, selon les dires, sur le fait que l'application risquait de devenir une source de distraction trop importante pour les équipes.
La course effrénée des géants vers le format court vidéo par IA
La date exacte du lancement de Sora 2 par OpenAI reste incertaine. L'entreprise avait introduit Sora, son premier modèle de texte-vers-vidéo, en décembre 2024, en l'intégrant dans ChatGPT.
Depuis lors, plusieurs concurrents, dont Meta et Google, ont lancé leurs propres alternatives. Plus tôt cette année, Google a dévoilé Veo 3, un nouveau modèle puissant capable de créer des clips vidéo d'un réalisme impressionnant.
Une expérience Sora similaire à TikTok ne serait pas non plus la première application entièrement dédiée au partage de slop d'IA. La semaine dernière, Meta a annoncé l'application Vibes, un « nouveau flux de vidéos IA au cœur de l'application Meta AI ».
Cette initiative a été accueillie avec « un ridicule et même une consternation quasi unanimes », comme l'a rapporté SFGate. « Tout le monde s'est déjà exprimé », a tweeté Joe Weisenthal, animateur de podcast chez Bloomberg. « Mais je me sens moi aussi obligé de dire que tout cela ressemble à de la pure ordure. »
Google intègre également une version de Veo 3 dans YouTube Shorts, ce qui démontre clairement que tous les acteurs majeurs de l'IA convergent vers la même idée.
Les défis de la désinformation et du droit d'auteur
Si vous vous demandez comment OpenAI compte éviter que sa nouvelle application vidéo ne dégénère en un cloaque de désinformation et de deepfakes non sollicités, vous n'êtes pas seul.
TikTok a dû mettre à jour ses politiques pour garantir à ses utilisateurs des « expériences authentiques ». La plateforme interdit « la désinformation susceptible de causer un préjudice significatif aux individus ou à la société, quelle que soit l'intention de l'auteur », et mentionne spécifiquement l'« AIGC » (contenu généré par l'IA).
Les directives communautaires de TikTok stipulent : « Même avec des étiquettes, certains contenus modifiés ou générés par l'IA peuvent toujours être nuisibles. »
À cela s'ajoute la tendance des générateurs de vidéos et d'images à violer les droits d'auteur, ce qui a déjà donné lieu à des procès très médiatisés.
Il reste à voir comment OpenAI abordera ces questions avec son concurrent de TikTok. Compte tenu de l'intense surveillance à laquelle l'entreprise est déjà soumise, notamment en ce qui concerne les utilisateurs mineurs engagés dans des conversations alarmantes avec ChatGPT, il est probable qu'OpenAI agira avec une extrême prudence.
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