Révolution populaire contre l'amitié robotique
Par Rae Witte .Publié le
2025/10/01 11:00
Le vaste réseau de métro de New York est actuellement submergé par une campagne publicitaire massive de la startup d’intelligence artificielle Friend. L'entreprise a investi plus d'un million de dollars pour afficher plus de 11 000 annonces dans les rames, 1 000 affiches sur les quais et 130 panneaux urbains.
À en juger par les réactions, cette offensive publicitaire est loin de gagner le cœur des New-Yorkais. Les usagers du métro ont commencé à vandaliser et à arracher les affiches dès le lancement de la campagne la semaine dernière.
Le troll délibéré
Le fait le plus marquant, c'est que le PDG de la société, Avi Schiffmann, affirme avoir orchestré cette situation volontairement.
« Je sais que les gens à New York détestent l'IA, ainsi que des concepts comme la compagnie robotique et les objets connectés portables, probablement plus que partout ailleurs dans le pays », a-t-il déclaré à Adweek. « J'ai donc acheté plus d'espaces publicitaires que quiconque, avec beaucoup d'espace blanc, afin qu'ils puissent exprimer un commentaire social sur le sujet. »
Et il a obtenu exactement ce qu’il cherchait. Les messages griffonnés sur les annonces comprennent des slogans percutants tels que : « Arrêtez de profiter de la solitude », « L'IA n'en aurait rien à faire que vous viviez ou mourriez », « Fais-toi de vrais amis », « Ceci est de la surveillance », et « L'IA encouragera le suicide si on lui demande ».
L’inquiétude légitime et le cynisme du fondateur
Il est indéniable qu'une grande partie du public est légitimement préoccupée par l'impact de l'IA sur la solitude humaine et se montre de plus en plus méfiante à son égard.
Il est d’ailleurs troublant qu'un PDG choisissant de provoquer délibérément la ville de New York ne semble pas en phase avec un produit censé « prendre soin » de ses utilisateurs. D'autant plus que le produit phare de Friend est un gadget portable à 129 dollars qui se porte autour du cou et écoute chacun de vos mots, soulevant d'importantes questions de confidentialité.
La politique de confidentialité de l'entreprise stipule que, bien que vos données ne soient pas achetées à des fins de marketing, elles seront utilisées pour la recherche et « pour se conformer aux obligations légales » (y compris le RGPD et le CCPA), ainsi que pour « protéger les droits, la vie privée, la sécurité ou la propriété » des utilisateurs ou de la société.
La qualité de l'expérience est également sujette à caution. Dans une critique acerbe publiée par Wired, deux journalistes ont trouvé que Friend était sarcastique, inutile, et étonnamment argumentateur et prétentieux.
Honnêtement ? Cela correspond probablement à un créateur de 22 ans comme Schiffmann, qui a choisi de dilapider des fonds pour attiser la colère dans l'une des plus grandes métropoles du monde. À quoi bon avoir des amis quand on peut désormais payer pour garder son ennemi le plus proche ?
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