La bulle de l'IA menace l'économie mondiale
Par Futurism .Publié le
2025/08/06 09:52
Les entreprises d'intelligence artificielle sont devenues si importantes pour l'économie que leur échec pourrait déclencher une crise sans précédent. Face à cette domination croissante, des experts mettent en garde contre une dépense massive dans le secteur, qui pourrait s'apparenter à une bulle économique soutenant à elle seule l'ensemble de l'économie américaine.
Ces craintes rappellent l'effondrement de la bulle Internet (dot-com), mais avec la crainte que celle-ci soit plus vaste et plus dangereuse. Un éclatement de bulle est un effondrement soudain et rapide des prix d'un actif après une période de hausse injustifiée.
La bulle Internet a été marquée par une envolée des actions de sociétés non rentables à la fin des années 90, les investisseurs misant sur un avenir entièrement numérique. Cependant, la bulle a éclaté brutalement en 2000, anéantissant des milliers de milliards de dollars et provoquant la faillite de nombreuses entreprises, leurs valorisations ne reposant sur aucun profit réel.
Selon l'investisseur Paul Kedrosky, qui s'est exprimé dans le Wall Street Journal, les dépenses en infrastructures d'IA ont déjà dépassé celles des infrastructures de télécommunications et d'Internet durant la crise des dot-coms, ce qui alimente le spectre d'une bulle gigantesque. Kedrosky estime également que l'impact des tarifs douaniers de l'ancien président Donald Trump n'a pas été pleinement ressenti, car l'investissement colossal dans l'IA agit comme une sorte de "programme de relance du secteur privé".
Des chiffres alarmants et un impact colossal sur l'économie
Neil Dutta, responsable de la recherche économique chez Renaissance Macro Research, a partagé une statistique frappante : les dépenses d'investissement dans l'IA ont contribué davantage à la croissance de l'économie américaine cette année que l'ensemble des dépenses de consommation réunies.
Cette situation, considérée comme un territoire inexploré, pourrait mener à une secousse bien plus grave que le crash des dot-coms. Elle pourrait même anéantir l'économie américaine si l'industrie de l'IA ne parvient pas à délivrer les rendements massifs promis par ses dirigeants.
Une course effrénée vers les sommets
Actuellement, les entreprises surfent sur une vague d'engouement pour l'IA, les investisseurs avides poussant les actions vers des sommets sans précédent. Le journaliste technologique Brian Merchant a rappelé dans sa newsletter Blood in the Machine qu'Apple a été la première à atteindre une valorisation de 1000 milliards de dollars en 2018. Depuis, neuf autres entreprises d'IA ont rejoint ce cercle très fermé, et le fabricant de puces Nvidia a vu sa valeur tripler pour atteindre le chiffre astronomique de 4000 milliards de dollars en moins d'un an.
Défis financiers et incertitudes pour l'avenir
Curieusement, les entreprises sont loin de prouver qu'il y aura un retour sur investissement significatif. Si les chatbots sont extrêmement populaires, ils restent très coûteux à entraîner, à exécuter et à maintenir, générant des factures d'électricité massives pour les entreprises du secteur.
Microsoft a suivi les traces de Nvidia la semaine dernière, atteignant une valorisation boursière de 4000 milliards de dollars. L'entreprise a rapporté des ventes florissantes dans son activité de cloud computing Azure, révélant qu'elle dépensait un montant record de 30 milliards de dollars en un seul trimestre fiscal pour l'IA, selon CNN.
C'est une excellente nouvelle pour Microsoft, mais son modèle repose essentiellement sur la vente de puissance de calcul à d'autres entreprises qui, elles, tentent de tirer profit de l'IA. Si ces dernières ne parviennent pas à le faire à grande échelle, une tâche ardue étant donné que les utilisateurs sont déjà habitués aux offres gratuites ou freemium comme ChatGPT d'OpenAI et Claude d'Anthropic, l'ensemble du système pourrait s'effondrer.
Pendant ce temps, les dirigeants du secteur de l'IA se livrent à une guerre des talents, proposant des contrats mirobolants de plusieurs milliards de dollars pour débaucher les meilleurs ingénieurs de leurs concurrents.
Manque de régulation et compétition internationale
Comme le souligne le Wall Street Journal, la Maison-Blanche semble totalement désintéressée par la régulation de cette industrie ou par l'application des lois antitrust. La plus grande menace pourrait donc venir de la concurrence internationale, la Chine émergeant notamment comme un concurrent sérieux dans la course à l'IA.
La destination finale de tous ces investissements reste une question à plusieurs milliers de milliards de dollars. Alors que l'ensemble de l'économie américaine est soutenu par des dépenses sans précédent dans l'infrastructure de l'IA, il est légitime de se demander à quoi pourrait ressembler les conséquences d'un krach de l'IA, et qui en sortirait gagnant ou perdant.
S'agit-il vraiment d'une bulle, ou d'un "marché haussier à plus long terme", comme l'a récemment décrit la firme de Wall Street, Citi ?
Les enjeux sont incroyablement élevés, et la balle est désormais dans le camp des entreprises d'IA, qui ont pour mission de convaincre les actionnaires des bénéfices de l'innovation, tant sur le plan financier que sociétal.
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