L'intelligence artificielle : un outil de discipline des travailleurs ? Futurism
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2025/06/24 08:42
Alors que l'intelligence artificielle (IA) est devenue le mot à la mode dans les couloirs des entreprises, les dirigeants s'empressent d'intégrer cette technologie omniprésente à tous les niveaux de leurs opérations quotidiennes. Dans ce tourbillon, de nombreux employés se retrouvent confrontés à une anxiété croissante quant à l'avenir de leur emploi, à l'impact de l'automatisation sur les inégalités de revenus et à la perspective d'une charge de travail accrue. Ces craintes semblent être une opportunité en or pour les cadres supérieurs désireux d'atteindre leurs objectifs.
Bien que l'IA – souvent désignée à tort par ce terme générique alors qu'il s'agit en réalité de grands modèles linguistiques (LLM) ou de chatbots prédictifs – ne préfigure pas, en son état actuel, une révolution imminente du travail, les PDG constatent que la simple menace de l'automatisation par l'IA suffit amplement à produire l'effet désiré.
Licenciements et productivité : l'IA comme prétexte
Comme l'a souligné Axios cette semaine, les PDG utilisent de plus en plus l'adoption de l'IA comme un puissant levier pour justifier des licenciements ou pour préparer le terrain à de futures vagues de réductions d'effectifs. À titre d'exemple, Andy Jassy, PDG d'Amazon, a récemment déclaré que l'IA "réduirait probablement notre effectif global au sein de l'entreprise", tandis que des dirigeants de JPMorgan ont informé les investisseurs que l'IA permettrait une "réduction de 10 % du nombre d'employés".
Dans une approche plus directe, d'autres, comme Tobi Lütke, PDG de Shopify, menacent ouvertement les travailleurs en affirmant que l'IA est désormais "l'attente de base". Selon Axios, les responsables du recrutement chez Shopify doivent, lors de l'embauche d'employés humains, justifier pourquoi l'IA ne serait pas une meilleure option pour un poste donné.
Ce type de message pessimiste coïncide avec des attentes croissantes en matière de productivité des employés. Une enquête récente a révélé que 77 % des travailleurs ont signalé que l'IA augmentait leur charge de travail. Parmi eux, une proportion stupéfiante – 39 % – est consacrée à la correction des erreurs flagrantes de cette technologie défaillante.
Vieilles tactiques, nouvel habillage
Bien que l'IA soit un phénomène relativement récent, ces tactiques d'intimidation ne sont pas nouvelles.
Le concept de "discipline du travail" est un terme qui réapparaît parfois dans les discussions sur l'économie de l'offre. Il est utilisé pour décrire des mesures économiques à grande échelle visant à maintenir les travailleurs dans le rang, afin de maintenir des profits élevés pour les entreprises. Cela est réalisé par la suppression des syndicats, le maintien d'une faible croissance des salaires et la menace du chômage planant sur la tête des travailleurs.
En ce sens, l'IA, dans sa forme actuelle, n'est rien de plus qu'un nouveau fouet utilisé par les PDG contre leurs employés. Elle provoque ce que Jeffrey Sonnenfeld, professeur à la Yale School of Management, appelle "l'effet d'endoctrinement" sur les travailleurs.
Sonnenfeld a déclaré à Axios que "les PDG utilisent la menace de l'IA comme un moyen de donner aux employés un avertissement précoce et préalable destiné à les préparer psychologiquement et intellectuellement à accepter des changements ou des décisions difficiles potentiels à l'avenir (tels que des licenciements ou des charges accrues), et ainsi prévenir des réactions négatives fortes ou soudaines qui pourraient se propager et provoquer des perturbations importantes plus tard".
Un marché du travail perturbé et des exigences croissantes
De plus, après que les robots spammeurs alimentés par l'IA ont dévasté le marché du travail, trouver un nouvel emploi est devenu plus difficile que jamais. Avec l'IA, les travailleurs se retrouvent dans une position de faiblesse tandis que les employeurs exigent une productivité accrue pour un salaire moindre. Si le choix est de travailler plus dur ou d'être licencié, les employés sont moins susceptibles de demander des améliorations de leur qualité de vie, ou de s'organiser en syndicats qui pourraient leur apporter ces améliorations.
Et cela, bien sûr, signifie que les hauts responsables des entreprises obtiennent une plus grande part du gâteau.
Source : Futurism
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