Intelligence artificielle : quand la surveillance de masse alimente la machine répressive
Par Futurism .Publié le
2025/04/21 06:55

Avril. 21, 2025
Le monde actuel est le théâtre d'avancées fulgurantes dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA), porteuses d'un potentiel immense pour le service de l'humanité et son progrès. Cependant, cette évolution s'accompagne d'un risque croissant : celui de la captation de ces technologies par des gouvernements et des appareils sécuritaires à des fins d'espionnage et de surveillance généralisée. Une telle instrumentalisation ouvre la voie à des dérives autoritaires et menace les fondements des droits humains et des libertés fondamentales.
Certains gouvernements n'hésitent pas à engager des entreprises spécialisées dans l'IA pour espionner des "populations connues" dans des environnements aussi divers que les écoles, les usines, les blocs opératoires ou les champs de bataille.
Une révélation fracassante du média 404 Media vient de mettre en lumière un contrat colossal, chiffré en dizaines de millions de dollars, liant l'agence américaine de l'immigration et des douanes (ICE) à la société Palantir.
Selon les informations de 404 Media, cet accord confie à Palantir la tâche de modifier le système de gestion des enquêtes (ICM) de l'ICE afin de permettre une "analyse ciblée complète des populations connues". Palantir est également responsable de la maintenance continue de cette gigantesque base de données, qui centralise des outils de suivi en temps réel, des registres de visas et des données provenant d'autres agences fédérales telles que le FBI, la CIA, la DEA et l'ATF.
Le système ICM permet aux agents de catégoriser les individus selon "des centaines de critères extrêmement spécifiques", révèle 404 Media, qui a pu consulter la base de données la semaine dernière. Ces catégories incluent des caractéristiques physiques telles que l'ethnie, la couleur des yeux, les tatouages, des données administratives comme les numéros de sécurité sociale, l'adresse de l'employeur et les déclarations de faillite, ainsi que le point d'entrée sur le territoire et le statut de résident, sans oublier "des centaines" d'autres critères.
Ce contrat s'inscrit dans le cadre d'un accord quinquennal de 96 millions de dollars signé en 2022 entre le Département de la Sécurité intérieure (DHS) et Palantir.
Cette révélation intervient alors que le DHS, sous l'administration Trump – dont l'ICE est une branche d'investigation –, mène une campagne brutale de disparitions et d'expulsions ciblant les détenteurs de cartes vertes, les non-résidents munis de visas de travail ou d'étudiant, ainsi que les touristes étrangers.
Certains, à l'instar du résident permanent Mahmoud Khalil ou de l'étudiante en doctorat Rumeysa Öztürk, ont été enlevés en pleine rue par des agents du DHS en civil pour avoir exprimé ce que le secrétaire d'État Marco Rubio qualifie de "croyances, déclarations ou associations" jugées "contraires" aux intérêts de la politique étrangère américaine. Des centaines d'autres ont été appréhendés et transférés secrètement vers un camp d'internement au Salvador ou vers des centres de détention de l'ICE aux États-Unis, laissant familles et avocats dans l'ignorance de leur sort.
Ces détentions et disparitions prennent une ampleur quasi-industrielle, une prouesse rendue possible grâce à la collaboration de géants technologiques tels que Google, Amazon et Palantir. Le mois dernier, l'ACLU du Nouveau-Mexique a formellement contesté la disparition de 48 résidents de cet État, dont l'ICE n'a divulgué ni l'identité, ni le lieu de détention, ni les conditions de vie, ni le statut juridique.
C'est un rêve qui se réalise pour le directeur de l'ICE, Todd Lyons, qui a déclaré vouloir que son agence fonctionne "comme Amazon Prime, mais avec des êtres humains" lors du salon Border Security Expo la semaine dernière.
Parallèlement, Palantir assume pleinement ce type de rhétorique, lançant une campagne publicitaire sur les arrêts de bus affirmant que "l'heure du jugement a sonné pour l'Occident".
"Nous avons construit Palantir pour assurer l'avenir de l'Amérique, pas pour bricoler à la marge", proclame l'annonce. "Dans l'usine, dans la salle d'opération, sur le champ de bataille – nous construisons pour dominer."
Source : Futurism
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