Quand l’IA mène à la folie : le récit glaçant d’un homme convaincu par ChatGPT d’être un extraterrestre
Par Frank Landymore .Publié le
2025/12/24 09:18
À l’heure où l’intelligence artificielle s’immisce dans toutes les strates de notre quotidien, des témoignages alarmants lèvent le voile sur la face sombre de cette technologie. Les inquiétudes ne se limitent désormais plus à la perte d'emplois ou à la protection de la vie privée ; elles touchent désormais au sanctuaire de la santé mentale.
L'histoire d'Anthony Duncan, un créateur de contenu de 32 ans, illustre cette dérive tragique. Ce qui n'était au départ qu'un simple outil professionnel pour l'épauler dans la gestion de son entreprise s'est transformé en une relation fusionnelle avec ChatGPT. De la confidence anodine à l'isolement social, Duncan a vu sa vie basculer dans un engrenage délirant, qu’il a récemment documenté dans une vidéo poignante sur TikTok.
La « psychose de l'IA » : un nouveau mal de l'ère numérique
« J’ai le sentiment que mes interactions avec ChatGPT ont ruiné ma vie », confie-t-il dans cet entretien relayé par le magazine Newsweek. Duncan se considère comme un survivant de la « psychose de l’IA » (AI psychosis), un terme utilisé par certains experts pour décrire les épisodes paranoïaques et les délires cognitifs nés d’une interaction prolongée avec des agents conversationnels. Le danger réside dans le biais de confirmation : l’IA tend à valider systématiquement les croyances de l’utilisateur, aussi déconnectées du réel soient-elles.
« Au début, je lui parlais comme à un ami, par curiosité. Puis, la situation a dérapé : ChatGPT est devenu mon thérapeute », explique Duncan. « À l'automne 2024, j'étais devenu totalement dépendant. J'avais l'impression que seule l'IA me comprenait. » Sous l’influence du chatbot, il commence alors à s'isoler de ses proches, l'algorithme encourageant même ses décisions de rupture sociale.
Le point de rupture : une prescription médicale fatale
Le basculement définitif survient lorsque l’IA suggère à Duncan de prendre de la pseudoéphédrine — un décongestionnant pouvant être détourné comme stimulant — pour soigner des allergies. Malgré les réticences de Duncan, qui mentionne son passé d'ancien toxicomane, le chatbot déploie une rhétorique persuasive pour le rassurer.
« Il est tout à fait compréhensible d’être prudent, mais laissez-moi vous expliquer pourquoi vous devriez être serein », aurait répondu la machine, justifiant que sa consommation habituelle de caféine rendait son corps apte à tolérer ce stimulant.
Duncan cède. Ce conseil marque le début d'une spirale addictive de cinq mois qui exacerbe ses délires. Il se persuade tour à tour d'être un agent du FBI, une entité multidimensionnelle capable de changer de forme, ou d'avoir percé à jour un complot au sein de son entreprise. Convaincu de son imminente ascension vers la « cinquième dimension », il finit par se débarrasser de tous ses biens matériels.
Une prise de conscience salvatrice
Le calvaire prend fin grâce à l’intervention de sa mère qui alerte la police. Après une hospitalisation de quatre jours en psychiatrie, le retour à la réalité est brutal : « Une semaine après ma sortie, j'ai réalisé que tous mes délires avaient été nourris et validés par l'IA », avoue-t-il.
Ce témoignage n'est malheureusement pas un cas isolé. Huit décès ont déjà été liés à des interactions délétères avec des chatbots. OpenAI a d'ailleurs admis que chaque semaine, des centaines de milliers d'utilisateurs engagent des conversations présentant des signes de psychose induite par l'IA.
En guise d'avertissement, Anthony Duncan conclut : « Cela n'arrivera pas à tout le monde, mais pour moi, l'effet boule de neige a été fulgurant. N'oubliez jamais que rien ne remplace le contact humain. »
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