IA : La Génération Z hantée par la peur de perdre son humanité
Par Joe Wilkins .Publié le
2025/12/24 03:00
Alors que l’intelligence artificielle générative s’immisce désormais dans toutes les strates de notre quotidien — du monde du travail au divertissement, jusqu’à la conception de nos repas — une question s’impose : existe-t-il encore des voix dissonantes face à cette hégémonie technologique ?
La réponse est sans appel. Scott Anthony, ancien analyste chez McKinsey et désormais professeur à l’université de Dartmouth, a confié au magazine Fortune que le sentiment dominant chez ses étudiants n’est pas l’enthousiasme, mais une « terreur absolue ».
Le spectre de l’atrophie cognitive
« Ce qui me frappe de manière constante, c’est à quel point nos étudiants ont peur d’utiliser ces outils », explique le professeur à propos des grands modèles de langage (LLM). Selon lui, cette angoisse dépasse largement le cadre des fraudes académiques classiques. Les étudiants craignent avant tout de sacrifier leur esprit critique sur l’autel de l’automatisation. Ils sont, selon ses mots, « tout simplement terrifiés ».
« Il y a dans l’IA quelque chose qui fait craindre aux individus de perdre leur humanité s’ils s’y abandonnent trop », analyse Scott Anthony. « L’histoire nous enseigne que traverser une transition d’une telle ampleur est toujours une expérience chaotique. »
Le professeur souligne un contraste saisissant entre l’anxiété des étudiants et l’enthousiasme de ses confrères enseignants. Une divergence qui s’explique aisément : protégés par leur statut au sein de l’élite universitaire, les professeurs ne subissent pas la précarité économique induite par le boom de l’IA. Pour les jeunes diplômés s’apprêtant à braver le marché de l’emploi, l’avenir semble bien plus sombre et incertain.
Un coût cérébral scientifiquement prouvé
Au-delà de l’aspect professionnel, l’idée que l’IA pourrait « rendre idiot » ne relève plus du simple préjugé. Une étude du MIT, publiée au début de l’été, a analysé les performances de trois groupes de participants : le premier utilisant l’IA, le deuxième les moteurs de recherche classiques, et le dernier s’appuyant sur son seul cerveau.
Si le groupe « IA » a rédigé ses essais avec une facilité déconcertante, les chercheurs notent que ce confort a un « coût cognitif » majeur : une diminution drastique de la volonté des utilisateurs à évaluer de manière critique les résultats ou les « opinions » de la machine. En clair, les utilisateurs d’IA s’enferment dans une chambre d’écho modérée par des algorithmes, délaissant leur propre jugement.
Plus révélateur encore, les participants du groupe « cerveau seul » ont rapporté une plus grande satisfaction personnelle vis-à-vis de leur travail et présentaient une « connectivité cérébrale plus élevée » que les autres.
À la lumière de ces résultats, il semble que la méfiance de la génération Z ne soit pas seulement une posture, mais un réflexe de survie intellectuelle tout à fait fondé.
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