L'étonnant aveu du fabricant d'Oreos : il utilise l'IA pour créer de nouveaux arômes... même si les machines n'ont pas de palais.
Par Futurism .Publié le
2025/10/04 18:32
De son propre aveu, l'entreprise derrière les célèbres biscuits Oreo travaille discrètement à l'élaboration de nouvelles saveurs en s'appuyant sur l'apprentissage automatique (machine learning).
Comme le rapporte le Wall Street Journal, Mondelez — le mastodonte de l'agroalimentaire qui produit les Oreos, Chips Ahoy, Clif Bars et d'autres snacks populaires — a mis au point un nouvel outil d'intelligence artificielle destiné à imaginer de nouveaux parfums pour ses marques.
Utilisé pour plus de 70 produits de la firme, cet outil de machine learning, selon l'entreprise, se distingue des IA génératives telles que ChatGPT. Il s'apparenterait davantage aux algorithmes sophistiqués employés par les sociétés pharmaceutiques pour accélérer la découverte et le test de nouveaux médicaments. Développé avec l'aide du cabinet de conseil en logiciels Fourkind, cet outil a déjà donné naissance à des produits tels que le « Gluten Free Golden Oreo » et permis de moderniser la recette classique des Chips Ahoy, précise le WSJ.
L'IA de recherche et développement de Mondelez aurait été entraînée, semble-t-il, pour optimiser certains facteurs sensoriels. L'outil a été paramétré pour amplifier des caractéristiques olfactives comme « brûlé », « saveur d'œuf » et « huileux », ainsi que des facteurs gustatifs tels que « beurré », « salinité en bouche » et « intensité de vanille », entre autres.
Il reste à déterminer le niveau de subtilité de la perception de ces saveurs par l'IA, étant donné que les machines sont dénuées de papilles gustatives ou de nez. L'entreprise fait néanmoins appel à des testeurs humains pour valider les résultats. Comme l'a souligné Kevin Wallenstein, responsable R&D pour la « modélisation des biscuits », auprès du journal, Mondelez est particulièrement méticuleux sur cet aspect de son processus de création d'arômes.
« Le nombre de séances de dégustation que nous faisons n'est pas une partie de plaisir », a confié le baron du biscuit au WSJ. « J'ai travaillé chez Sour Patch Kids, et faire une dégustation tous les jours pendant une semaine était un cauchemar. »
Bien que l'entreprise n'ait pas spécifié depuis combien de temps elle utilisait l'outil de découverte d'arômes, elle a révélé au WSJ que l'algorithme d'apprentissage automatique était en développement depuis 2019. Cette chronologie concorde avec une interview de 2023, au cours de laquelle Joe Manton, cadre R&D chez Mondelez, avait évoqué l'existence de cet outil au magazine Just Food.
Comme Manton l'avait suggéré à la revue sectorielle, l'équipe R&D de Mondelez a utilisé des données historiques de recettes et d'ingrédients pour concevoir l'IA. Il avait alors ajouté que les nouvelles saveurs « passaient par une série de tests consommateurs internes et externes ».
Dans l'article plus récent du WSJ sur l'outil, Wallenstein a admis qu'à ses débuts, l'IA pouvait proposer des suggestions totalement déraisonnables.
« Parce que [le bicarbonate de soude] est un ingrédient très peu coûteux », a-t-il expliqué, « l'IA essayait simplement de produire des biscuits avec une teneur très élevée en bicarbonate de soude, ce qui n'a absolument aucun goût. »
En faisant intervenir des « garants de la marque » humains pour superviser le processus, Mondelez semble avoir affûté son outil d'apprentissage automatique. À l'image de la découverte de médicaments, il s'agit d'une application de l'IA incontestablement fascinante, voire, il faut l'avouer, quelque peu bizarre.
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