l'IA se débarrasse de 11 000 employés d'Accenture
Par Joe Wilkins .Publié le
2025/10/04 13:16
Le géant multinational des services informatiques a déjà licencié 11 000 employés dans le cadre d'un plan de 865 millions de dollars visant à "améliorer les compétences" de ses effectifs.
Alors que nous approchons du troisième anniversaire du lancement de ChatGPT d'OpenAI, les dépenses en IA ne montrent aucun signe de ralentissement. On pourrait s'attendre à une véritable révolution sur le lieu de travail, fruit de trois années d'investissements technologiques effrénés.
Pourtant, en matière d'intégration réussie de l'IA en entreprise, les exemples concrets sont étonnamment rares. En revanche, les échecs abondent : la firme de fintech Klarna a dû forcer ses ingénieurs à répondre aux appels du service client après le blocage de son déploiement d'IA ; des cabinets d'avocats sont sanctionnés pour les erreurs embarrassantes de l'IA ; tandis que d'autres entreprises ont dû recourir à des pigistes pour corriger les gaffes bâclées de l'outil.
C'est dans ce contexte que la décision d'Accenture, le cabinet multinational de conseil en informatique, de licencier quelque 11 000 employés ces derniers mois, paraît d'autant plus spectaculaire. Ces licenciements sont motivés par un pari colossal : les entreprises privilégieront dorénavant l'embauche d'experts en IA.
Restructuration à un coût faramineux
Selon Reuters, cette vague de réduction d'effectifs fait partie d'un plan de restructuration étalé sur six mois, dont le coût est estimé à 865 millions de dollars une fois toutes les opérations finalisées.
Lors d'une récente conférence sur les résultats, la PDG d'Accenture, Julie Sweet, a affirmé que la priorité absolue de l'entreprise est d'« améliorer les compétences de ses réinventeurs » (upskilling its reinventors). Ce jargon d'entreprise signifie clairement que les travailleurs devront désormais posséder une formation spécifique aux systèmes d'IA, comme les grands modèles de langage.
"Nous sommes en train de réinventer ce que nous vendons, la manière dont nous livrons nos services, la manière dont nous nouons des partenariats et la manière dont Accenture fonctionne", a déclaré Sweet. "En bref, l'IA avancée est en train de devenir une partie intégrante de tout ce que nous faisons."
Cette déclaration est devenue banale. Mais si les employés d'Accenture échouent à satisfaire les exigences de leurs dirigeants, la PDG indique qu'ils seront écartés sans ménagement. L'entreprise prévoit de les remplacer par des personnes possédant déjà les "compétences" en IA nécessaires pour apaiser les actionnaires. Cela passe notamment par l'exploitation d'une main-d'œuvre de plus en plus « mondiale » — une manière euphémique d'annoncer la délocalisation des emplois vers des travailleurs gig sous-payés dans le Sud global.
"Notre stratégie numéro un est l'amélioration des compétences, compte tenu des besoins que nous avons, et nous avons beaucoup d'expérience dans ce domaine", a précisé Sweet. "Nous essayons, dans un délai très court, de nous séparer (des employés) pour lesquels nous n'avons pas de voie viable pour la montée en compétence, afin de faire entrer les compétences dont nous avons besoin."
Un pari sur le milliard de dollars d'économies
Interrogée sur l'impact financier de cette restructuration, la directrice financière, Angie Park, a déclaré aux analystes qu'elle s'attendait à des économies de plus d'un milliard de dollars.
"Ces mesures entraîneront des réductions de coûts, qui seront réinvesties dans nos employés et notre activité", a expliqué Park, ajoutant que les dirigeants d'Accenture prévoient d'augmenter leurs effectifs en 2026, une fois le tri effectué parmi le personnel non formé à l'IA.
Cependant, lorsque la PDG a été interrogée sur le moment où l'IA se répercuterait sur les marges brutes de l'entreprise — une mesure de rentabilité clé —, elle est restée vague, se contentant de dire que l'IA « favorise l'efficacité », suggérant qu'elle réduisait en quelque sorte les dépenses.
Les prochains mois révéleront si ces licenciements brutaux parviennent réellement à améliorer les marges de plusieurs milliards de dollars. Mais alors que la bulle d'investissement dans l'IA continue de grossir, le temps presse pour prouver la viabilité de ce pari.
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